Giboni Christine

Christine Giboni vit à Paris comme on habite une langue : avec passion, précision, et une certaine insolence. Depuis des années, elle tisse une écriture plastique où l’urbain devient matière, et les lettres, personnages. Elle conjugue peinture avec collage, sans hiérarchie, les fait dialoguer avec naturel, comme deux instruments dans un même souffle.

Ses toiles abstraites ont la respiration d’une partition musicale. On y entend les silences entre deux accords de couleur, les syncopes dans le rythme des mots décomposés. La typographie y est vivante, griffée, effacée, parfois poussée jusqu’à l’os. Elle ne raconte pas, elle pulse. Christine Giboni ne cherche pas le sens, mais l’impact ; elle préfère les corps des lettres à leurs discours, les fragments à l’ensemble.

On devine dans son geste les influences d’un Basquiat ou le lyrisme silencieux d’un Zao Woo-Ki. Entre l’éclat et l’effacement, elle trace une cartographie sensible de la ville, faite de strates, d’accidents, de verticales muettes. Ses mots, en bande ou en chute, dessinent des architectures intimes où le blanc n’est jamais vide ; il est tension, attente, respiration.

 

     

 

Série "Empreintes"

Dans la jungle urbaine, les murs parlent, ou du moins, ils tentent. Des couches d’affiches s’y superposent, s’effacent, se déchirent, laissant derrières elles des bribes de slogans, des promesses éventrées, des cris muets. Empreintes capte cet écho visuel : une mémoire en lambeaux, une archive involontaire du tumulte publicitaire. Comme des palimpsestes modernes, ces murs dévoilent ce que le présent tente d’écraser, les vestiges tenaces d’un passé collé à la colle forte.

 

Série "La Mode"

Sous les plis des vêtements, il y a des phrases. Sous les tendances, des intentions. La Mode explore le langage muet de l’apparence : ce que nos habits disent de notre époque, de ses jeux de pouvoir, de ses libertés parfois empruntées.

Derrière l’élégance, l’affirmation d’un « moi » qui se cherche dans les reflets du monde. Les mots de la mode sont parfois brillants, parfois blessants : ils habillent autant qu’ils dévoilent.

 

Série "Bandes de mots"

Ici, les mots s’élèvent. Littéralement.

Inspirée par la verticalité brute des métropoles, Bandes de mots érige des fragments de langage en colonnes visuelles. Des pans de texte arrachés, juxtaposés, tels des façades d’immeubles, forment une cartographie urbaine abstraite.

Ces constructions de papier et d’encre rappellent que la ville n’est jamais silencieuse : elle s’écrit, elle crie, elle scande, en hauteur.

 

 

Mari Yvenat

 

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